Suivre le lit du torrent, passer entre les parois abruptes, étranglement vertical. Entrer dans le vallon comme on entre dans le silence des églises (...)

Jours d’altitude entre aubes et crépuscules où la montagne cache tout un monde là, qui se donne, qui s’offre au spectacle de la beauté (...)

Après de jolis « raidards », l’âpre moraine. J’arrive au nid d’aigle perché au dessus du glacier. Aire d’envol de rêves, d’épopées héroïques, d’exploits secrets. Ici je suis le seul à n’avoir ni piolet, ni crampons ni cordes. Mais là face aux draperies des géants de glace, les déchirures minérales, les aiguilles vertigineuses, je les écoute parler, narrer ce macrocosme extérieur qui alimente un microcosme d’espoirs, d’espérance, de rêves insondables (...)

Il me dit « Tu es d’eau et d’argile, fils du creuset des étoiles, tu es issu de la lumière, tu viens de la nuit des temps. Ton voyage sera toujours un cheminement à l’orée des possibles. »

Il y a des jours où la montagne a cette réalité formidable et écrasante qui me trouble plus que je ne le voudrais. Comme si elle ravivait dans mes mémoires, des souvenirs occultés d’anciennes légendes.