« J'en suis encore à attendre la venue d'un philosophe médecin » espérait Nietzsche en préambule de son Gai Savoir. Historiquement, la relation à la médecine a été entretenue par la philosophie dès ses premiers pas, comme une nécessité de penser et de panser. Ayant la quête de la sagesse en ligne de mire, les philosophes avaient pour vocation d'en finir avec les troubles de l'âme, à l'image des médecins et des douleurs du corps. Dès lors, que signifie guérir, soigner, prescrire ou diagnostiquer lorsqu'il s'agit de la philosophie ? Comment cette dimension pratique de la philosophie trouve-t-elle sa place dans cette discipline prétendument destinée à l'esprit pur ? C'est dans l'uvre de Nietzsche que nous trouvons sans doute les élaborations les plus abouties de cette problématique, aux implications extraphilosophiques. En substituant les notions de vérité, de morale ou de consolation, Nietzsche va composer une nouvelle conceptualité philosophique, dont les outils seront la valeur, la joie ou encore la santé. Cet ouvrage se propose de remonter aux origines de la philosophie comme médecine jusqu'à Nietzsche, afin de trouver, dans sa pharmacie, les traitements et les remèdes à notre nature humaine, trop humaine.